Je cite Georges Truc, éminent oeno-géologue à propos de notre granite: « on le retrouve en de nombreux lieux sur la bordure orientale du Massif Central. Il possède la particularité d’avoir subi des phénomènes d’altération, dont certains peuvent être fort anciens (Secondaire et Tertiaire), tout comme à Condrieu ou à l’Hermitage, qui ont transformé une certaine épaisseur de ce granite grâce à une « argilisation » des feldspaths et des micas ; ces familles de minéraux sont des silicates d’alumine, sensibles à l’altération, qui ont été déstructurés, appauvris en potassium, fer et magnésium et dont les molécules de silice et d’alumine se sont re-combinées pour donner des argiles. Ce petit miracle de l’altération permet à une roche en apparence résistante à toutes les épreuves du temps de devenir un sable argileux. Sable ? En effet le quartz est peu sensible à l’altération et une fois libéré donne des grains de la taille de ceux des sables. Le terme de « saprolite » ne désigne pas une catégorie de granite mais la couche altérée qui s’est formée à ses dépends. Il existe des saprolites un peu partout et sur différentes roches.
Le fait que cette couche altérée soit encore en place signifie que l’érosion sous toutes ses formes, et pas seulement les phases glaciaires du Quaternaire, les a épargnées (même chose à Côte-Rôtie, Condrieu, Hermitage…).
La couleur rose de vos granites est due aux feldspaths, c’est vrai ; s’y ajoute fréquemment une teinte plus rouille due au fer des micas noirs, libéré et intégré à des oxydes. L’âge de 550 Ma que vous indiquez me paraît exagéré (en pièce jointe, une carte du Massif Central de l’un de mes collègues sur laquelle vous allez retrouver vos chers granites et leur âge).
Oui, le phénomène d’altération conduit à l’existence de terroirs complexes. Sans lui, ces terres seraient d’une grande pauvreté. Les argiles sont des minéraux merveilleux, que l’on appelle les banques du sous-sol car elle contiennent les éléments minéraux indispensables à la vigne, à la synthèse de certains enzymes, eux-mêmes impliqués dans les processus d’élaboration de molécules aromatiques et des tannins. Le toucher de bouche rejoint le toucher tactile sensu stricto et l’on aboutit à la dégustation géo-sensorielle. Claude Bourguignon les adore… ». Je rappelle ici que Claude Bourguignon à réalisé les fosses d’analyses des sols du Château des Bachelards à mon arrivée en 2014.
La photo est celle de Claude Bourguignon, Ingenieur Agronome et fondateur du Laboratoire LAMS, spécialiste de la vie des sols. Nous avons travaillé ensemble à propos des terroirs de Bachelards.